28/04/2006

Nicolas Sarkozy, la brelle

Notre époque et spécialement nos médias (et moi aussi de temps en temps) ont la mémoire courte. Chacun a en tête les échecs de Sarkozy aux régionales, aux européennes de 2004 et lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen. Ci-dessous une piqûre de rappel pour ceux que fascine Nicolas Sarkozy, dont le bilan est nul voire nullissime, hormis dans sa capacité à garder le siège de la France du plus haut.

1983 : le maire de la ville la plus riche de France…

Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) à l’âge de 21 ans, il est élu maire de la ville en 1983 à 28 ans, fonction qu’il conserve jusqu’en 2002.
A Neuilly-sur-Seine, près d'un ménage sur cinq (17,5 %) acquitte l'impôt sur la fortune (ISF), laissant loin derrière (dans l'ouest parisien), Saint-Cloud, Versailles et Saint-Germain-en-Laye. La commune supplante largement Paris, Cannes et Antibes. A Neuilly-sur-Seine, l'impôt moyen sur le revenu s'établit à 17666 euros, soit six fois plus que l'impôt moyen au niveau national. (source: Le Point, janvier 2003)
En 2003, on comptait à Neuilly 450 RMIstes, mais 5800 redevables de l'ISF.

… qui n'accueille pas de classes moyennes:

Le parc HLM de Neuilly-sur-Seine représentait en 2000 quelque 0,7% de son parc immobilier total.
Sur le département, le parc de logement H.L.M. s’élevait à 169.540 logements début 2004. Il représente 25,22 % du parc de logement des Hauts-de-Seine. La loi S.R.U. a prévu que les communes ayant moins de 20 % de logements sociaux verseraient une contribution de solidarité. 16 communes sont concernées, dont 3 devront verser la contribution prévue par la loi, les autres ayant réalisé des dépenses déductibles contribuant à la réalisation de logements sociaux suffisantes pour en être exonérés. (source: Préfecture des Hauts-de-Seine)

Et philosophe avec ça:

"Si personne n'explique que la vie n'est pas un produit de consommation, il ne faut pas s'étonner que le sens de la vie ne soit pas le même à La Courneuve qu'à Neuilly." (Nicolas Sarkozy, 21/05/05)

1988 : le faux frère de Chirac

Entre 1988 et 1993, Nicolas Sarkozy a été très proche non seulement de Jacques Chirac, mais de sa famille, de sa fille Claude. "Il était alors considéré par les Chirac comme le fils qu’ils n’avaient pas eu" (Philippe Reinhard, auteur de "Chirac-Sarkozy, mortelle randonnée" First éditions). On mesure le chemin parcouru…

"S'il est une influence profonde, c'est bien sûr celle de Jacques Chirac. Le discours enflammé prononcé en décembre 1975 par le militant de Neuilly lors d'un rassemblement de jeunes gaullistes a été remarqué par le Premier ministre d'alors, qui l'invite à Matignon. Le début d'une étroite relation de près de vingt ans. En même temps qu'il gravit les échelons du parti gaulliste, « Nicolas » se rend sans cesse plus indispensable à son patron. Il se démène dans sa campagne présidentielle de 1981, réitère en 1988, pilote avec Alain Madelin ces « Etats généraux » qui mettront l'opposition sur orbite pour la cohabitation de 1993. (…) Le jeune homme voue un indéniable sentiment à ce mentor dont il a toujours tant voulu être aimé. Il le fréquente presque quotidiennement, au point de devenir partie intégrante de son clan. Tenu en haute estime par Bernadette Chirac, il manifeste toutes les attentions pour Claude, qu'il initie aux arcanes de la politique. (...) Il a acquis aussi une connaissance de Jacques Chirac dont nul autre de sa génération ne peut se vanter. « On croit qu'il est con, binaire et gentil. C'est tout le contraire. Il est intelligent, complexe et méchant », a-t-il coutume d'asséner en privé, avec un cynisme qui fait aussi partie de l'héritage." (Les Echos, 2 juin 2005)

1993-1995 : le ministre du déficit dans le gouvernement Balladur

A l'époque placé sous l'autorité relative d'Edmond Alphandéry, ministre centriste de l'Economie. A son départ, le budget de l'Etat affichait le plus fort déficit de la Ve République. Héritant du lot, en 1995, Alain Juppé avait jugé le bilan "calamiteux". Puis choisi des remèdes qui lui ont valu son poste.

Résultats de l'exécution budgétaire 1992-1995 (milliards de francs, source: Cour des comptes)

Année Déficit annoncé Recettes de privatisation Déficit corrigé % du PIB total
1992......... 226,3 .......... 8,4..................................... 234,7 ............. 3,2%
1993 ......... 315,6 .........30,4 ...................... 346 ........... 4,8%
1994.......... 299,1 ......... 50 ........................ 349,1......... 4,6%
1995........... 323 ........... 0.................. ........ 323 ........... 4,2%

1995 : il mise sur le mauvais cheval

À l’approche de l’élection présidentielle de 1995, Nicolas Sarkozy trahit Jacques Chirac et apporte son soutien à Édouard Balladur.

1999 : scrutin des européennes, un bide

En juin 1999, Nicolas Sarkozy conduit la liste RPR pour les élections européennes sous l'appellation "l'Union pour l'Europe", qui recueille 12,7% des voix. Il est devancé par le PS (21,95%) et les listes Pasqua.
Même dans son fief des Hauts-de-Seine, Sarkozy est dépassé par le PS: (source: ministère de l'Intérieur):
- François Hollande, "Construisons notre Europe" 73.926 voix, 18,62%
- Nicolas Sarkozy "L'Union pour l'Europe" 61.109 voix 15,39%
Il est vrai que la liste de Pasqua y remporte 15% des suffrages… On ne peut pas trahir à tous les coups!

Mai 2002-mars 2004 : ministre de l'Intérieur I, l'esbroufe

"Premier flic de France pendant vingt-deux mois entre mai 2002 et mars 2004, Nicolas Sarkozy peut s’enorgueillir d’avoir bouté le sentiment d’insécurité hors de la première place des préoccupations des Français. Mais la réalité statistique montre que le combat Sarko contre les voyous ne s’est pas soldé par une victoire aussi triomphale que cela pour le ministre. Entre 2002 et 2003, les chiffres de la délinquance ont certes baissé de 3,4%. Mais l’essentiel de ce bon résultat a été obtenu par la diminution des atteintes aux biens (-5,8%) et notamment aux vols de voiture. Par contre, les violences aux personnes ont continué à augmenter de 2,1% lors du premier séjour de Sarkozy Place-Beauvau. Selon l’Observatoire national de la Délinquance (OND), les agressions gratuites (non crapuleuses) et les menaces ont même bondi de 7% et de 8% à cette époque." (source: Le Nouvel Observateur, 30 juin 2005)

Juillet 2003 : référendum corse, perdu

Le "non" l'emporte par près de 51% des voix au référendum organisé en Corse sur le nouveau statut de l'île. Plus de la moitié des 191.000 électeurs de Corse se sont exprimés par les urnes et ont sanctionné le projet du gouvernement, malgré la victoire qu'avait pu constituer l'arrestation d'Yvan Colonna, assassin présumé du préfet Claude Erignac. "Les Corses garderont donc leurs deux conseils généraux, ce sera le statu quo. Cela montre que le chemin de la réforme est difficile dans ce pays". C’est par ces mots que Nicolas Sarkozy, visiblement déçu, a annoncé à la télévision le résultat définitif du scrutin. Pour le ministre de l’Intérieur, cette défaite est un échec personnel, comme il l'a reconnu devant quelques journalistes après son intervention télévisée. (Radio-France)
"La personnalisation outrancière du scrutin, cette manière de chantage affectif ont été d'autant plus mal vécues sur l'île que les corses, férus de politique, n'étaient pas dupes des arrière-pensées du ministre de l'Intérieur: gagner à la faveur de ce référendum ses galons de présidentiable." (Le Nouvel Observateur, 10 juillet 2003)
L'arrestation de l'assassin présumé du préfet Erignac, Yvan Colonna, deux jours avant la consultation avait aussi perturbé le scrutin, beaucoup de Corses y voyant un effet de manche du locataire de Matignon. Nicolas Sarkozy avait pourtant tenté de calmer le jeu en affirmant que le hasard de calendrier était totalement fortuit et que l’échéance électorale et l’interpellation de l’homme le plus recherché de France n’avaient aucun rapport. (source: Radio-France)

Sur Colonna, en passant…

Dans la bouche de Nicolas Sarkozy après l'arrestation (vraisemblablement négociée), Yvan Colonna est déjà "l’assassin du préfet Érignac " alors que la justice n’a pas rendu son verdict. Et l’arrestation est " le fruit d’un travail opiniâtre, méticuleux, patient, commencé il y a un an ". Exit les quatre ans d’enquête, aux oubliettes ses prédécesseurs Jean-Pierre Chevènement et Daniel Vaillant.
Trois ans plus tard, Colonna est toujours en détention provisoire…
"Colonna, qui a toujours clamé son innocence, a été désigné lors de l'enquête comme le tueur du préfet par plusieurs membres du commando, qui se sont ensuite rétractés à l'instruction et lors de leur procès en juin-juillet 2003. L'un d'entre eux, Pierre Alessandri, un des deux accusés condamnés en 2003 comme "co-auteur" à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d'assises spéciale de Paris, s'est accusé en septembre 2004 d'avoir lui-même tué le préfet, dédouanant ainsi Yvan Colonna, son ami d'enfance. Colonna a été arrêté le 4 juillet 2003 après quatre années de cavale, quelques jours avant le verdict de la cour d'assises spéciale qui jugeait les membres du commando." (source: www.nouvelobs.com, 28 juin 2005)

Un "préfet musulman": du flan

Nicolas Sarkozy (re)lance le débat sur la discrimination positive en proposant de nommer un "préfet musulman" le 20 novembre 2003 lors de l'émission "Cent minutes pour convaincre" sur France-2. Lancée sur fond de course à la présidentielle de 2007, l'idée est jugée "pas convenable" quelques jours plus tard par Jacques Chirac.

- Qu'avez-vous voulu dire par "préfet musulman"? Préfet issu de l'immigration? Préfet sorti des couches populaires? Préfet en turban?
- Non. J'ai voulu dire de culture musulmane, ce qui naturellement n'avait aucune espèce de connotation religieuse! (L'Express, 19 janvier 2004)

Aïssa Dermouche, qui avait soutenu Edouard Balladur à la présidentielle de 1995, sera finalement nommé préfet du Jura le 14 janvier. Mais il ne sera pas le premier préfet de culture musulmane.
Mahdi Hacene a ainsi été préfet de la région Nord-Pas-de-Calais entre 1993 et 1995. Licencié en droit de l'Université de Toulouse, ce fils de magistrat algérien, né en Kabylie en 1931, avait été nommé préfet pour la première fois en 1982 dans l'Allier. Auparavant, il avait été notamment secrétaire général des Hautes-Pyrénées, des Charentes-Maritimes, et du Val-de-Marne de 1979 à 1981. En 1985-1986, il a été préfet du Haut-Rhin, puis de l'Alsace et du Bas-Rhin de 1986 à 1989, de la région Lorraine et de la Moselle de 1989 à 1993 et enfin du Nord de 1993 à 1995.
Agé de 73 ans, il a pris sa retraite alors qu'il siégeait jusqu'à l'année dernière comme conseiller d'Etat en service extraordinaire, a-t-on indiqué au Conseil d'Etat.
Avant lui, plusieurs hauts fonctionnaires musulmans nés en Afrique du Nord ont été préfets au moment de la décolonisation. (Associated Press)

Le CFCM, un échec de la République promu par Sarkozy

Interview sur RFI de Rachid Kaci, auteur de "La République des lâches" (Editions des Syrtes). Musulman et français, militant associatif et politique, fondateur du courant La Droite libre au sein de l’UMP:

MFI : La mise en place du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui vient de voir le jour cette année après quinze ans d’hésitations, a été largement saluée comme un pas en avant. Pourtant, ce n’est pas, selon vous, une bonne solution…

R. K. : Je suis opposé à la démarche qui a été adoptée. Depuis le début, les pouvoirs publics traitent ce dossier sous la pression. Depuis, en fait, l’apparition des premières affaires de voile islamique en 1989. Face aux manipulations orchestrées par l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), mouvement fondamentaliste inspiré par les Frères musulmans, qui fait pression sur la société française, les gouvernements successifs ont réagi sur la défensive. On n’a pas voulu organiser de débat sur le type d’islam qu’on voulait promouvoir, on a directement cherché à créer une instance ; on a mis la charrue avant les bœufs. Résultat : la France se retrouve avec un islam rétrograde très fortement présent au CFCM. Alors que ce dernier, à mon sens, n’est même pas représentatif ! D’abord, quand on parle d’islam de France, on commence au moins par chercher des structures qui soient françaises, et non pas liées intimement à des pays étrangers. Le président du CFCM, le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur, est quelqu’un d’estimable, mais c’est un salarié de l’Etat algérien ! La Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) est financée par le Maroc, et l’UOIF est financée par l’Arabie saoudite via la Ligue islamique mondiale. Voilà les trois principaux représentants des Français de confession musulmane ! Le CFCM est l’aboutissement de nombreuses dérives, comme celle qui consiste, pour un élu local confronté à des problèmes dans un quartier à forte présence musulmane, à ne plus s’adresser aux éducateurs, aux associations ou aux syndicats de locataires, mais à l’imam. On en arrive à une gestion communautarisée de la question, sur la base du communautarisme religieux. (14/11/03)

Juin 2004-juin 2005: quelle baisse des prix ?

Le 17 juin 2004, Nicolas Sarkozy, alors Ministre de l'Economie, signait un accord sur la baisse des prix avec les acteurs de la Grande Distribution et de l'Industrie des Produits de Grande Consommation.
Douze mois plus tard, s'appuyant sur les résultats de deux enquêtes réalisées par TNS Sofres, le magazine LSA fait le point: la majorité des consommateurs restent persuadés que les prix n'ont pas baissé, tandis que les grandes marques et le circuit classique de la grande distribution sont toujours pointés du doigt. Les études montrent en effet des résultats sans nuance : Plus de 90 % des consommateurs interrogés estiment que les prix de la grande consommation ont augmenté depuis juin 2004. Et pour 63% d'entre eux, acheter une grande marque, même plus chère, n'est plus valable aujourd'hui. 42% choisissent de préférence le produit le moins cher en rayon.

A propos de la "donation Sarkozy": une bombe à retardement

La donation dite Sarkozy permet de donner des sommes d'argent aux enfants et petits-enfants majeurs et même aux neveux et nièces en l'absence de descendance directe. D'abord fixée à 20.000 € et pendant une durée limitée au 31 mai 2005, le cadeau fiscal a été porté à 30.000 € et prorogé jusqu'au 31 décembre 2005. Puis encore prolongé. Le succès ne s'est pas fait attendre puisque 5,4 milliards d'euros en monnaie sonnante et trébuchante ont été ainsi transmis au travers de 320.000 dons en 2004.
Mais bon nombre de familles risquent de voir exploser, dans quelques mois ou quelques années, de redoutables grenades à retardement.
En effet, le but était de réinjecter dans les canalisations du pays des sommes jusque-là dormantes. De ce point de vue, la mission est accomplie. Mais la mesure a passé sous silence des aspects fondamentaux du droit: en effet, toutes les donations sont remises à plat au jour du décès du premier parent et c'est là que des surprises attendent chez le notaire. Même si elles sont censées être effectuées dans un but de défiscalisation, les libéralités constituées par les donations sont présumées constituer une simple avance sur succession. Conséquence : elles sont "rapportées", c'est-à-dire comptabilisées, au jour du décès afin de reconstituer le patrimoine du défunt pour que l'égalité entre héritiers soit préservée. La part de chacun des enfants pourra alors éventuellement être diminuée des donations reçues. (source: Les Echos, Boursorama)

Pour finir, c'est juste un menteur

Il a dit: "Je ne suis candidat à rien." (24/04/05). Il a menti.
"La présidentielle, j’y pense et pas seulement en me rasant."
Ses mandats:
Président de l'EPAD (avril 2005)
Président de l'UMP (2004)
Président du Conseil général des Hauts-de-Seine

Il a dit: "Il faut désormais que nous gérions les affaires de l'Etat comme le ferait un père de famille, de façon raisonnable; pas d'idéologie" (TF1, avril 2004). Il a menti.
1. Cf ci-dessus son brillant résultat au ministère du Budget et son choix des donations.
2 Il a aussi proposé de relancer l'immobilier par le crédit hypothécaire (prêt sur gage, asseyant le montant du prêt sur la valeur du marché du bien). En pleine bulle immobilière, c'est un désastre. Cela a pour effet de gonfler la bulle et de donner aux ménages déjà propriétaires la possibilité d'adosser un prêt à la consommation sur une hypothèque survalorisée.
3. Le pauvre gars qui confond les caisses de l'Etat avec un budget familial peut retourner en première année de sciences-éco.
4. Il a prélevé dans les stocks d'or de la Banque de France: 500 à 600 tonnes d'or au total sur cinq ans. Comme un "bon père de famille" ?

Il a dit: "Respectez ma famille". Il a menti.
Mai 2005, coup de déprime parce que sa femme Cécilia s'est barrée avec Richard Attias, président de Publicis Events, qui avait d'ailleurs organisé la soirée de sacre du président de l'UMP en novembre 2004. Au cours de laquelle un clip édifiant se concluait sur son fils Louis, 7 ans, regardant la caméra avec des yeux de faon: "Bonne chance mon papa !"
Cette utilisation écoeurante d'un enfant s'est vérifiée avec l'affiche de l'UMP pour le "oui" au référendum sur le TCE du 29 mai 2005, qui figurait une fillette maquillée comme une voiture volée, les 12 étoiles de l'Europe dans les pupilles. Ah.... le "bon père de famille !"

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